TEDxVaugirard
Voici le talk de TEDxVaugirard le 12 Juin 2014 (soir de lancement de la coupe du monde du football, oui je sais ça n’a rien à voir…)
Vous trouverez ici toutes les vidéos de la conférence, j’étais entourée de 10 autres conférenciers tous plus passionnants les uns que les autres
Je vous commande vivement de regarder leurs vidéos présentées dans l’excellent article de l’une d’eux : Florence Porcel
Voici le texte avec les références que je cite :
Nous sommes 600 ce soir dans cette salle, statistiquement il y a 300 personnes stressées parmi nous. Si c’est pas vous, c’est votre voisin !
Moi aussi j’ai été stressée, très stressée et très anxieuse… Avec l’aide de mes images, je voudrais vous raconter comment maintenant, je ne le suis plus.
Au moment où j’ai pris cette photo, je perdais tous mes repères, j’avais coché toutes les cases de ma liste… Cette liste que l’on se fait avec des buts à atteindre avant tel âge ou tel âge. Pour moi, c’était : mariage, enfants, maison… comme dans le conte de fée.
Pourtant je n’étais pas cette femme comblée, cette mère épanouie comme j’avais prévu. Quand je rentrais chez moi, j’étouffais dans ma maison de conte de fée…
Mon couple avait été percuté par un jumbo jet avec écrit « Divorce » dessus.
Pour moi, c’était l’effondrement des tours jumelles, j’étais au coeur de ma catastrophe planétaire !
Et c’est là, quelques semaines avant mes 40 ans, alors que ma vie était en plein chaos, qu’est arrivé le bug …
Je suis dans le cabinet d’un médecin et cet homme m’annonce que j’ai un cancer … un cancer du sein
Il m’explique qu’il va d’abord m’opérer pour m’enlever un sein, que je vais avoir des traitements, je vais peut être perdre mes cheveux … Il fait un arrêt de travail, il me dit que ça va durer longtemps, plusieurs années !
Mon cerveau est déjà tellement plein d’incertitudes et de problèmes à gérer, là je me sens comme un lapin dans les phares d’une voiture, je suis incapable de bouger, de réfléchir, je suis totalement terrorisée …
Vous savez quand j’étais enfant, 2 de mes grands parents et aussi 3 oncles et tante sont morts de cancers fulgurants, c’étaient des personnes dont j’étais proche, j’ai grandi avec eux, j’ai été marquée par leur disparition
Et là c’est mon tour ! Pour moi, avoir un cancer, ça voulait dire mourir comme eux…
A partir de ce moment là, j’étais angoissée tout le temps, même respirer est devenu difficile, tant j’étais oppressée, j’étais tout le temps ce lapin qui voit sa mort arriver… Et je pensais tout le temps à mes enfants.
Mes enfants, c’est ce que j’aimais de ma vie, j’aimais entendre leurs rires, les regarder jouer…
A partir de ce jour là, quand je regardais mes enfants, je voyais des orphelins…
Le médecin avait aussi dit : « votre pronostic est favorable »…
Pronostic, c’est un terme de courses hippiques ! Utilisé par les médecins pour vous dire que vous n’allez peut-être pas mourir, mais qu’ils n’en sont pas sûrs.
J’ai pensé que si j’étais un cheval de course, il miserai sur moi …. peut être.
Je crois qu’il a voulu me rassurer lorsqu’il a ajouté « votre vie ne sera jamais plus comme avant… »
Je n’aimais pas ma vie avant, alors j’ai préféré comprendre que ma vie serait mieux !
Ça m’a aidé pendant les opérations, les chimios, la radiothérapie, quand j’ai perdu mes cheveux…
C’était comme la lumière au bout du tunnel, un tunnel qui dure 3 ans !
Pour tenir bon avec l’anxiété et les effets secondaires des traitements, j’ai cherché des solutions pour que mes enfants aient une mère vivante, mais aussi debout, parce que certains jours, sincèrement je n’arrivais pas même pas à me lever
Pour commencer, grâce à une amie, je suis allée marcher
Alors que je n’aimais pas ça du tout, ou alors à NY pour faire les musées ou du shopping, mais elle a eu une bonne idée, ça m‘a fait du bien tout de suite !
Être dans la nature me vidait la tête et sentir mon corps fatigué en action me réconfortait.
J‘ai pris l’habitude d’aller au parc près de chez moi, mais au bout de 50 tours de parc, il fallait quand même rentrer à la maison !
Alors j’ai vu un psy, des thérapeutes, j’ai fait de l’homéopathie, de l’acupuncture, j’ai même vu un chaman… j’ai lu plein de livres pour m’informer, pour comprendre ce qui m’arrivait, j’ai lu « Guérir » de David Servan Schreiber, j’y ai trouvé beaucoup d’infos.
Et j’ai découvert les recherches des neurosciences sur le stress et l’anxiété, ça m’a aidé à comprendre ce que je vivais et de savoir que d’autres gens le vivait aussi et je me sentais moins impuissante.
Alors j’ai fait de l’EMDR, de l’hypnose… Je me suis aidé de techniques de relaxation profonde lors des opérations de reconstruction de mon sein ensuite
Et j’ai commencé à faire de la méditation.
Ce sont ces méthodes qui m’ont inspiré le projet « Forces naturelles »
J’ai voulu partager les bienfaits qu’elles m’ont apporté et puis c’était important pour moi de m’exprimer artistiquement
Créer m’a donné beaucoup de force.
Au bout de 3 ans, il a fallu que je retourne au travail
L’arrêt maladie était terminé et comme je ne pouvais plus faire le métier que je faisais avant, j’ai fait une reconversion professionnelle (j’allais dire une reconstruction, mais ça c’était déjà fait !)
Je voulais rebondir dans le monde du travail …. après mettre trainée dans les couloirs de la clinique pendant 3 ans !
Alors j’ai fait une formation à plein temps avec des stages en entreprise et un mémoire de 40 pages à rendre, le problème c’est que de la mémoire je n’en avais plus justement !
Après 4 ans de lutte, j’ai saturé, j’ai fait un burnout avant la fin de la formation, je n’arrivais plus à apprendre, ni à réfléchir, j’en pouvais plus de chercher des solutions, je n’avais plus d’énergie… je n’avais plus le choix, alors cet été là, l’été de mon burnout, j’ai appris à être patiente, j’ai simplement accepté que ça prendrait du temps pour me rétablir, plus longtemps que je le pensais, beaucoup plus de temps que je ne le voulais de reprendre une vie normale.
Et puis, j’ai accepté de vivre avec le doute, avec le fait de ne pas savoir de quoi sera fait mon avenir, j’ai dit adieu aux listes inscrites dans le marbre…
Je me suis faite à l’idée que vivre, c’est être comme un funambule sur son fil.
Ne pas avoir de certitudes, c’est difficile n’est ce pas ? Ça fait peur.
Je voudrais vous raconter l’histoire du K . Ce récit de Dino Buzzati que j’ai lu ado m’a suivi toute ma vie, je crois que je l’ai compris cet été là véritablement.
C’est l’histoire d’un homme qui toute sa vie est poursuivi par un monstre et toute sa vie, il le fuit, jusqu’au jour où très vieux, il se décide à lui faire face, il s’apprête à mourir, alors qu’il s’approche de lui, le monstre ouvre sa gueule toute grande et là sur sa langue, il y a une magnifique perle qu’il lui offre avant de disparaitre
J’ai reçu un cadeau cet été là moi aussi
J’ai compris que les obstacles sur ma route n’étaient là que pour donner corps à toutes les possibilités que m’offre la vie
Ce n’étaient pas les arbres qu’il fallait regarder dans cette image, mais tous les chemins entre eux, tellement de possibilités différentes, tellement d’avenir.
C’est à ce moment là que j’ai entendu parler du travail d’un américain, qui aide depuis 30 ans les malades du cancer avec leur stress, leur anxiété et leur douleur, il s’appelle Jon Kabat-Zinn, il a créé le «programme de réduction du stress par la pleine conscience»
Je l’ai fait, 40 mns tous les jours pendant 2 mois, je me suis entrainée à juste observer mes pensées, à sentir mes sensations, mes émotions et à les laisser passer en revenant à chaque fois à la conscience de ma respiration.
A l’hôpital Ste Anne à Paris, un programme de ce type a permis de diminuer de 1/2 les rechutes dépressives chez les malades. Ça marche !
Ça été pour moi une véritable rééducation à la vie jusque dans les choses simples du quotidien : marcher dans la rue l’esprit libre, même pour venir à Bobino parler sur scène, faire la cuisine en profitant de toutes les sensations, parler à quelqu’un en étant vraiment présente… Mes enfants apprécient !
Comme tout le monde, j’ai des problèmes, aujourd’hui je ne panique plus, je garde mon énergie pour les gérer. Comme quand mon fils s’est blessé en faisant du skate, il y a quelques temps et qu’il a fallu que je l’amène voir rapidement le médecin ou cet hiver quand je dévalais la pente de ski, à plat ventre la tête en bas… mon calme intérieur et mon efficacité à gérer la situation m’ont moi-même surprise.
C’est totalement nouveau pour moi. Je n’avais jamais connu ça.
Ce travail avec la pleine conscience que j’ai commencé il y a 2 ans, m’a profondément changé, en fait, je suis devenue moi-même sans mes réactions anxieuses et mon stress. Les neuro-scientifiques expliquent cela par la plasticité cérébrale.
Moi ce que je constate, c’est que ma joie de vivre est là et qu’elle reste quoiqu’il arrive.
Aujourd’hui quand je regarde mes enfants, je vois simplement mes enfants.
Ou plutôt mes ados maintenant, vautrés sur le canapé du salon.
Vous aussi, trouvez la méthode qui vous convient, pour qu’ensemble on fasse bouger les lignes des statistiques !
C’est important car les méthodes de gestion du stress sont préventives.
Selon le plan Cancer, 40 % des cas sont dus à des facteurs évitables liés à nos modes de vie et à nos comportements
J’ai un rêve, je rêve d’un pays où dans les entreprises, les managers et les employés développeraient ensemble leur capacité à l’attention, un pays où les conseils des ministres ou les séances de l’assemblée nationale commenceraient par dix mns de calme et de silence
Et si demain nos enfants apprenaient à l’école à cultiver leur intelligence émotionnelle, leur QE au lieu de leur QI, imaginez l’évolution de notre société en une génération…
Imaginez….